Il y a certains moments où je me sens fracassée comme à coup de masse, le ventre en miettes et les jambes en coton. La souffrance est tenace, ton absence est contondante et ce n'est rien en comparaison de ta vie mon petit chou. Cependant il n’y a pas tellement d’espace où la perte de toi s’amoindrit, j’ai encore la gorge qui se serre à m’en briser les mâchoires, à me tirer les larmes, à m’en donner le vertige. ; et cette idée, tenace, que tu continues à grandir si près et si loin à la fois de moi, en nous couvant du regard, avec amour, tendresse, gravité et humour. Les petits événements de ma vie, je suis à chaque fois au bord de te les dire, presque a haute et intelligible voix comme si tu étais encore présent tout auprès de moi … La terrible survivance, du souvenir qui se fige en un moment donné. Je n’ai plus un stock infini d’images mentales de toi. Et ça, c’est tout aussi terrible. Des instant anés que je retrouve à peine, dans une silhouette, dans le sourire chez d’autres bébés, dans un regard, dans l’odeur d’un lait de toilette. Qui se rapprochent tellement, petit à petit, inexorablement, d’un travail d’imagination, de réinvention, bien plus que de mémoire. Le commencement de ta liberté, ta joie fragile, ton pouvoir sur les adultes, ton regard attentif et inquisiteur, ta curiosité, ta voix quand tu t’énervais, ton rire communicatif, l’odeur de tes cheveux, tout cela il me faut déjà faire une abstinence de nous puisque je nous impose déjà une quasi séparation…Le cliché suivant est ce que nous regardions du haut de notre terrasse mais maintenant que ce crabe te maintien comme une petite marionnette nous sommes privé toi et moi, l'un de l'autre ... Et moi sans toi rien ne pourra plus être la même chose, tu étais encore dans ton âge tendre, c'est à dire où tout est gratuit sans calcul... Même pas donnant donnant rien que des rires des plaisirs la joie les découvertes où un insecte une fleur un chat... apporte autant de joie qu'un scooter... comment qu'ils appelent cela maintenant? Ta soeur m'en avait fait la demande mais tu vois je ne me souviens déjà même plus du nom... Alors quant à lui en aheter un c'est encore une autre affaire... Trop peur de l'accident pourtant moi j'en ai eu un et je circulai en plein Paris pour me rendre à la Préfecture de Police où j'étais dactylo je faisais Montfermeil la Citée et le midi au lieu de prendre mon repas payé par mes parents j'allais avec une amie dans les quartiers autour de notre boulot....Les temps changent il faut dire que nous étions cependant plus respectueux de la famille.