Le cauchemar

Le mot de Pascal Zizou est sorti sur un coup de tête!!!! Une nouvelle fois, Zinédine Zidane aura confirmé lors de la finale que l’ange du football, auteur d’un geste de génie contre l’Italie, n’est jamais loin du démon. Au point d’en rater sa sortie. Pourquoi ? La question est sur toutes les lèvres ce lundi matin. Pourquoi Zinédine Zidane a-t-il tout gâché pour un coup de tête aussi bête que méchant sur Materazzi ? Alors qu’il ne lui restait plus que dix minutes à passer sur un terrain de football avant de mettre un terme à sa prolifique carrière, le capitaine tricolore a tout gâché d’une réaction épidermique impardonnable et ce, quelque qu’aient été les insultes proférées à son égard par l’Italien. Pourtant, cette finale ne pouvait mieux commencer pour le Français. 7e minute de jeu, Malouda s’infiltrait dans la surface et s’écroulait au contact avec un certain… Materazzi, décidément dans tous les bons coups. M. Elizondo n’hésitait pas une seconde et désignait le point de penalty. Comme contre le Portugal, le numéro 10 des Bleus prenait alors ses responsabilités et d’une «Panenka» magique, il se jouait de Buffon. Un geste de génie, d’une audace folle lors d’un tel évènement, qui faisait de Zizou le 4e joueur de l’histoire seulement à avoir inscrit un but dans deux finales différentes de Coupe du Monde (avec les Brésiliens Pelé et Vava et l’Allemand Breitner). A ce moment de la rencontre, c’était sûr : on était reparti comme en 1998, avec Zidane dans le rôle du héros. Malheureusement, la suite n’allait pas être aussi joyeuse… Zidane s’accroche D’abord en raison du marasme tricolore durant une première période complètement ratée. Au milieu de la débâcle, Zidane peinait à remettre le train bleu sur de bons rails, malgré ses encouragements multiples à ses coéquipiers, qu’il exhortait à aller de l’avant. Tant et si bien que les Transalpins égalisaient dix minutes à peine après l’ouverture du score, avant de donner de nombreuses sueurs froides aux supporters français. La pause arrivait donc à point nommé pour remettre dans le sens de la marche les hommes de Domenech. On ne saura ainsi jamais ce qu’ils se sont dit dans l’intimité des vestiaires, ni même si Zidane a pris la parole. Toujours est-il que les Bleus revenaient sur la pelouse du stade olympique de Berlin transfigurés. A l’image d’un Zidane d’un seul coup beaucoup plus tranchant, dont les passes trouvaient enfin preneur. Sans pour autant se révéler décisives. A la 81e minute, on crut qu’un duel aérien musclé avec Cannavaro allait mettre un terme prématuré à sa rencontre, en lui laissant une épaule en vrac. Mais Zizou ne pouvait pas finir son dernier match comme cela, le bras en bandoulière. En serrant les dents, au courage, il s’accrochait. Peut-être qu’il aurait mieux valu qu’il sorte… Des propos racistes ? Cette pensée, facile après coup, personne n’y pensait à la 104e minute, lorsque Sagnol déposait un amour de centre sur la tête du capitaine français. Seul aux environs du point de penalty, celui-ci expédiait un missile de la tête sous la barre transversale que Buffon, d’une fort belle claquette, déviait en corner. On était tout près de son second doublé en finale de la Coupe du Monde. On était aussi tout près de la fin… Sur un ballon anodin, Materazzi accroche Zidane alors que le ballon continue à circuler à une vingtaine de mètres. Surpris, le numéro 10 a quelques mots avec l’Italien. A priori rien de méchant. La preuve, le Français commence à s’éloigner. Avant de soudain se raviser, de se retourner et de foncer, tel un bélier, la tête baissée pour frapper la poitrine du Transalpin. Un geste d’une rare violence, non pas pour l’intégrité physique du défenseur de la Squadra Azzurra, mais dans l’expression du regard du Français et ce qu’il représente. Qu’a bien pu dire Materazzi pour déclencher une telle colère chez le Marseillais ? Certains évoquent des propos racistes, d’autres des insultes à l’encontre de sa mère. Pas sûr que l’on sache un jour la nature exacte de ce débordement verbal ô combien condamnable de l’Italien. Mais on le répète, cela n’excuse pas la réaction du Tricolore. Ni même ne fait office de circonstances atténuantes. 14 cartons rouges à son actif Que l’arbitre se soit appuyé en suite sur la parole du 4e arbitre, qui aurait vu les images vidéo de l’altercation, pour expulser le Français, cela ne relève plus que de l’anecdotique, n’en déplaise à Raymond Domenech. Car le geste, lui, était bien réel. Et son exclusion totalement méritée. Au point finalement d’éclipser dans la tristesse la défaite des Bleus aux tirs au but. Car tout le monde rêvait d’une belle fin pour ce Zizou adoré, adulé, idolâtré…Mais qui aujourd’hui a perdu tellement de son crédit. Certes, on sait qu’en France, la spécialité est de brûler rapidement les idoles sur l’autel de l’échec. Mais ici, ce n’est pas le footballeur qui a déçu, pour ne pas dire plus, mais l’homme. En effet, il est hors de question d’oublier sur un coup de tête tous ses exploits passés, à commencer par cette «Panenka» qui restera dans l’histoire de la Coupe du Monde. Simplement, lorsqu’on représente autant aux yeux des enfants, on n’a pas le droit de donner une telle image, violente et haineuse. Sans parler de l’image de la France… Surtout que Zidane n’en est pas à son coup d’essai, lui qui a déjà reçu 14 cartons rouges dans sa carrière, dont la moitié pour des réactions impulsives dues aux coups qu’il reçoit à répétition durant un match. Et c’est justement là que son geste de dimanche soir dérange. Car à froid, alors qu’il disposait du recul nécessaire pour ne pas s’emporter, le Madrilène a tout de même craqué. Du coup, inévitablement, ressort l’image dichotomique du Marseillais, sans cesse entre ange et démon. Comme si sa part de ténèbres devait ressurgir périodiquement. Et si certains veulent ériger le capitaine des Bleus en parangon de la lutte contre le racisme, c’est leur droit. Mais si ce fléau n’aura jamais sa place sur un terrain, un coup de tête non plus… C'est vrai c'est ce qui s'appelle quitter le terrain sur un coup de tête!