la vie

15.5.06

Je me rappelle de ces temps plus ou moins heureux (ça dépend des jours) où j'étais enfant et que je ne savais que faire de tout ce temps disponible. Souvent, je me heurtais à une phrase choc qu'utilisaient les adultes de l'époque (oui je sais, ils le sont toujours) à mon encontre quand je me faisais trop présente dans l'entourage de leurs chaussures (en d'autres mots : je leur collais aux basques !) : J'AI PAS LE TEMPS. Simple, direct, sans appel, la phrase m'invitait fermement à remballer mes gaules en me faisant comprendre que même plus tard, ça n'irait guère mieux côté disponibilité.Je me souviens bien à l'époque avoir pris solennellement la résolution de ne jamais manquer de temps, de ne jamais avoir à dire à quelqu'un cette phrase que j'ai reçu tant de fois comme une insulte. Quand j'y pense... Rien qu'aujourd'hui, j'ai du dire cette phrase cinq ou dix fois, à des gens divers de mon entourage, y compris à mes propres enfants.J'ai bien fait illusion quelques années, y compris dans ma vie active, en donnant l'impression que j'avais du temps pour tout, que j'étais disponible et prête à tout, pour tout le monde. Pendant longtemps, je suis même arrivé en avance aux rendez-vous. J'avais un rendement fantastique, tout ce qu'on me demandait était torché dans la journée, au pire dans la semaine...Et puis j'ai commencé à arriver simplement à l'heure. Remarquez, même comme ça, j'étais presque toujours la première. Alors j'ai grappillé quelques minutes de plus, pour finir des trucs que j'avais sur le feu. Des petits rien du tout, une broutille en retard, un détail. Et puis j'ai pris conscience qu'on abusait de ma disponibilité, j'ai donc commencé à refuser certaines choses, faut pas déconner. D'autant que ma disponibilité était maintenant toute relative. Ma disponibilité affichée me foutait carrément en retard, parfois. Sont arrivés là-dessus les "coups de bourre". Le coup de bourre arrive sans prévenir, au moment où on l'attend le moins. Je ne connais personne qui ait pu prévoir un coup de bourre, sinon il n'aurait pas eu lieu. Ils peuvent durer une semaine ou un mois. Ils peuvent être d'ordre professionnels ou privés, mais dans les deux cas, ils débordent sur le domaine d'à côté. Qui n'a jamais appelé son banquier ou son garagiste dans les heures de boulot ? Qui n'a jamais été appelé à la maison par ses clients ? Que ceux-là me jettent la première pierre.Les coups de bourre se rapprochent, ils se touchent, se serrent les uns contre les autres, nous étouffent. De temps en temps, d'un oeil médusé, je regarde l’autre celui qui n’est pas moi qui discute pendant que je "m’acharne à me « magner »" ou mon voisin qui prend le soleil sur sa terrasse pendant que je m’occupe de l’intendance, et je me dis : mais où trouve-il le temps de faire ça ?Parce que moi, voyez-vous, du temps, j'en ai plus. Ça fait une éternité que c'est comme ça. Je n'ai jamais eu le temps, ou alors c'était dans une autre vie.

2 Comments:

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    By Anonymous Anonyme, at 28/5/06 18:03  

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    By Anonymous Anonyme, at 21/7/06 02:34  

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